Poésie de l'Art

la raison du poète

Caspar David Friedrich
Le Voyageur contemplant une mer de nuages
je crée mes souvenirs
comme un artiste repeint sa toile
l’avenir est un élixir 
mêlant présent et passé

je ne suis que chimie 
de pensées programmées
les mots mentent 
ils existaient avant moi

mon cœur s’emballe sans raison 
vers tous les cardinaux
j’ai perdu le goût de tout 
je souris sans passion
ne contemplant rien d’autre 
que l’intérieur de moi

et pourtant je respire j’existe
mais pour quoi 
quel peut être le destin 
d’un grain de sable
s'envolant au moindre frisson du large marin
les poussières ne peuvent se donner la main

croyant vivre la même aventure
les hommes s’agglutinent
flottants dans les mêmes courants tièdes

la réalité n’a pas de géométrie universelle
la vérité est un leurre de l’histoire
l’amour un rêve fatal à l’indépendance
aveugle j’avance en automate 
monté sur quel ressort

ni justice ni compassion
ni revanche ni haine
peut-être simplement 
le désir de beauté
drapeau blanc surnageant du naufrage
pic vert coiffant la soucoupe des nuages
seul chemin vers une transcendance
qui se passe de l’histoire et des signes
sans besoin de raison folle
un chemin sans étoiles
qui est tout 
sauf une ligne droite

inspiré de : Le Voyageur contemplant une mer de nuages, de Caspar David Friedrich

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